Rencontre avec un paysan du marais breton vendéen

Publié le par Gisèle Grout

Dans le cadre du congrès 2015 des Ecrivains-paysans en Vendée, la visite d’une ferme typique est toujours un centre d’intérêt majeur.

Frédéric Signoret et Ludivine Cosson ont fait le pari d’élever des vaches maraîchines (vache idéalement adaptée aux prairies de marais) de manière traditionnelle au Querruy Sellier à Notre Dame de Monts.

Le moins que l’on puisse dire, Frédéric a connu un parcours atypique. Salarié pendant une dizaine d’années à la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) locale, il a pu arpenter le marais avant de se lancer. Issu d’une famille de grands-parents paternels paysans dans le Berry, l’odeur du foin, du fumier à retirer, du cliquetis des chaînes ont bercé son enfance.

Il devient consultant à la LPO pour les agriculteurs de la région, surtout pour le respect de la biodiversité des prairies humides. Début 2000, il fait le constat que les mesures agro -environnementales du ministère ne sont pas suivies d’effet. Cela l’incite à vérifier par lui-même ses hypothèses d’où le passage de la théorie à la pratique.

Notre homme a commencé modestement. Il avait acheté quelques vaches maraîchines, cousines de l’Aubrac et de la Parthenaise, une race résistante par définition. Elles sont mises à l’herbe sur des terres louées, près de Noirmoutier. Il défriche également des terrains incultes. Sa vocation écologique lui ouvre des portes pour bénéficier d’une quinzaine d’hectares de prairies autour de l’Ecomusée du Daviaud, puis une autre vingtaine au polder de Sébastopol à Noirmoutier. Les prairies humides sont à conserver en priorité en étant plus bénéfiques tant pour la flore que la faune. Il loue également du matériel pour le foin, la terre à cultiver.

La région a l’avantage d’avoir un abattoir de proximité à Challans limitant ainsi les frais de déplacement des éleveurs. La bétaillère du Querruy, chargée de deux ou trois bêtes, garantit un déchargement sans stress, contrairement à celles qui arrivent par camion de 50 bêtes.

Transformée, la viande bio revient en caissettes dans le marais. Les relations professionnelles de Frédéric lui permettent d’amorcer une clientèle de sympathisants. Le circuit court est la bonne solution pour tirer son épingle du jeu. Il vend sa viande autour de 13€ par kg pour le veau, 11,50€ pour le bœuf.

En plus de son emploi à la LPO, Frédéric travaillait à la ferme du Querruy Sellier. Le jeune propriétaire breton de cette ferme, n’arrivant pas à s’habituer à la région lui propose le rachat de son exploitation. Le manque de bâtiments se faisait sentir car il n’avait pas d’abri l’hiver ce qui abîme les prairies en venant soigner les animaux, travail pénible par ailleurs.

Frédéric hésite, angoisse un peu même car il va devoir emprunter, une situation qui le rebute car il ne l’a jamais fait de sa vie. 90 ha dont 30 ha de céréales et de grands bâtiments, le scénario idéal pour se lancer. Après de nombreux calculs, il décide de se jeter dans l’aventure. Depuis, sa compagne Ludivine devient co-exploitante en 2011, le GAEC La Barge est créé.

A ses débuts, des voisins plutôt adeptes de l’agriculture intensive ont ricané, mais rira bien qui rira le dernier… Depuis, ce modèle s’est égrené, notre duo a participé et favorisé 6 installations de jeunes fermiers en leur libérant du foncier et en prêtant parfois des hangars pour certains, leur permettant de se faire la main avant de se lancer définitivement tel qu’actuellement pour une jeune femme qui a quelques chèvres poitevines pour fabriquer du fromage.

Ludivine et Frédéric élèvent aussi des oies grises du marais poitevin, une vingtaine de chevaux Cob, et 70 bovins engendrant 45 vêlages par an. Deux vaches sont traites pour fournir du lait à la maisonnée.

Peu courant à l’heure actuelle, ces vaches sont à la chaîne à l’étable durant l’hiver, assez court en Vendée. Ainsi, les cornes ne sont jamais coupées. L’inconvénient, elles sortent peu. Toutefois, elles prennent l’air tous les 5 jours. Dociles, marchant à la corde, ces génisses de trois ans font le bonheur des acheteurs néo-éleveurs. Par ailleurs, 5 ha de céréales sont cultivés : blé, féveroles, foin, luzerne et l’orge qui est utilisée par un voisin artisan brasseur soutenu à son installation.

Notre couple vise avant tout la récompense sociale, le motivant ainsi à poursuivre leurs idées.

Nous l’avons constaté, Frédéric et Ludivine respectent l’environnement, mieux même, il le valorise en développant de nouvelles prairies naturelles. Une agriculture solidaire et raisonnée est possible, il suffit de chasser le mot ‘’ bénéfice’’ de son vocabulaire et de le remplacer par ‘’partage’’. Nous ne pouvons que les encourager à poursuivre dans cette voie, notre Terre ne s’en portera que mieux.

Si des vendéens de Paris veulent visiter sa ferme ou s’inscrire à son circuit de vente de viande, me consulter.

Daniel

http://www.vache-maraichine.org/

http://www.ecrivains-paysans

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